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Les anti-inflammatoires sont-ils vraiment efficaces?


Les anti-inflammatoires sont parmi les médicaments les plus utilisés pour traiter les problèmes musculosquelettiques, comme les douleurs au dos, au cou et les tendinites.


Ces médicaments constitueraient d’ailleurs à eux seuls un marché de 106,1 milliards de dollars américains en 2020... soit 5 fois celui de McDonald’s, le géant de la restauration !


Mais les anti-inflammatoires sont-ils vraiment efficaces dans le traitement des problèmes musculosquelettiques ?


Mon article d’aujourd’hui vous présente des pistes de réflexion et des données scientifiques récentes pour y voir plus clair.


Bonne lecture!

Denis


 

Les anti-inflammatoires


Il existe deux types d’anti-inflammatoires:


  1. Non stéroïdiens (AINS): il s’agit du type d’anti-inflammatoires le plus souvent utilisé. L’ibuprofène (ex.: Advil, Motrin, etc.) et l'acide acétylsalicylique (ex.: Aspirine) sont certes les plus connus d’entre eux. Ces AINS sont vendus pour leurs propriétés antidouleurs, pour combattre la fièvre et pour contrer l’inflammation. Ils sont généralement pris par voie orale, bien qu’il existe d’autres façons de les prendre, comme les gels. Notez que l’acétaminophène (ex.: Tylénol) n’est pas un AINS.

  2. Stéroïdiens: on connaît davantage ces médicaments sous le nom de corticostéroïdes. Leur mode d’action est plus complexe que les AINS et ils ne sont pas utilisés de routine dans le traitement de problèmes articulaires «simples». On les emploie davantage pour des problèmes complexes, voire plus graves, comme certains cas d’arthrite, de maladies immunitaires et comme un atout additionnel dans le traitement du cancer.


* La suite de mon article est exclusivement consacrée à l'efficacité et aux effets des anti-inflammatoires non stéroïdiens, soit les AINS. *



L'ABC de l’inflammation


Vous vous dites qu’il vaut mieux se débarrasser de l’inflammation au plus vite, comme un visiteur indésirable ?


Erreur.


Il s’agit d'un processus naturel que met en place votre corps. Ce processus est normal, souhaitable et indispensable à la vie humaine!


L’inflammation vous permet, entre autres, de vous défendre contre les infections, les blessures ou toute autre situation pour laquelle votre corps détecte une agression.


C'est grâce à l’inflammation si les tissus et les organes de votre corps peuvent se réparer, se cicatriser et, d'une certaine façon, se renouveler.

L’inflammation vous permet, entre autres, de vous défendre contre les infections, les blessures ou toute autre situation pour laquelle votre corps détecte une agression.

Imparfaite


Mais rien n’est vraiment parfait...


L’inflammation joue sa musique réparatrice avec un petit bémol: elle le fait en vous procurant une certaine dose de douleur.


Eh oui, les processus inflammatoires génèrent de la douleur en plus du mal associé à la blessure pour laquelle ils ont été déclenchés.


C’est comme ça.


Il s’agit du prix à payer pour guérir vous-même de vos blessures.


Bref, l’inflammation est un mal nécessaire.



Toute bonne chose a une fin


Lorsque la blessure est sous contrôle ou en voie de guérison, l’inflammation est de moins en moins requise et votre corps y met fin progressivement.


Le contrôle de l'inflammation ne s'effectue toutefois pas à l'aide d’un bouton on/off, mais bien grâce à des mécanismes complexes qui jonglent avec des molécules pro et anti inflammatoires.


Ce fonctionnement s'apparente davantage à un gradateur comme ceux qui contrôlent peut-être l'éclairage des pièces de votre maison.


Dans certains contextes, il arrive que l'inflammation n’en finit plus de finir, notamment parce qu'elle est inefficace ou parce que vous vous blessez à répétition. Elle devient alors source de problèmes et il est logique de penser que les anti-inflammatoires peuvent être appelés à la rescousse.


Or, c’est peut-être plus complexe que cela...


 

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Pourtant, les meilleurs conseils de Denis ne se trouvent pas sur ce blogue, mais bien dans ses livres, dont Lève-toi et marche!: le remède miracle existe et il est gratuit.


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L'efficacité des anti-inflammatoires dans 5 contextes



1. Douleur au dos et au cou


Des chercheurs de l’Université de Sydney ont évalué l’efficacité des anti-inflammatoires chez des personnes souffrant de douleurs au dos et au cou.


Les résultats de leur méta-analyse ont démontré que les anti-inflammatoires réduisaient la douleur et les incapacités des participants. Or, après un examen attentif de l'étude, ces effets étaient sensiblement identiques à ceux observés chez les personnes qui avaient pris un placebo.


Décevant comme résultat...


D’autant plus que ces chercheurs ont prouvé que les anti-inflammatoires multipliaient par 2,5 le risque de problèmes gastro-intestinaux chez les participants.


Une autre publication scientifique nous apporte un éclairage différent sur l'efficacité des anti-inflammatoires dans un contexte de douleur à la colonne vertébrale, cette fois en ce qui concerne les douleurs chroniques au bas du dos.


L'efficacité des anti-inflammatoires serait démontrée, quoi que celle-ci soit plutôt modeste.


En effet, la diminution de la douleur observée serait de 7 points sur 100, comparativement au placebo. La réduction des incapacités serait quant à elle de 0,9 point sur un score de 0 à 24.

La diminution de la douleur observée serait de 7 points sur 100, comparativement au placebo.

2. Sciatique


L'utilisation des anti-inflammatoires dans le traitement de la sciatique serait discutable, du moins selon les conclusions de l'étude publiée par la prestigieuse revue Collaboration Cochrane.


La diminution de la douleur apportée par le traitement ne serait pas statistiquement significative, bien que l'amélioration générale de la personne serait supérieure à celle des personnes ayant reçu le placebo.


Les auteurs précisent que le niveau de preuve des publications étudiées était très bas et que leur puissance statistique ne permettait pas de mesurer adéquatement les effets indésirables des anti-inflammatoires.



3. Arthrite et arthrose


Si tous les chemins mènent à Rome, ceux de l'arthrite et de l'arthrose semblent conduire bien souvent aux anti-inflammatoires.


Par exemple, aux États-Unis, 50% des patients aux prises avec de l'arthrose s'en feraient prescrire. Cette donnée statistique ne tient pas compte de l'utilisation des anti-inflammatoires en vente libre.


Qu'en est-il de l'efficacité des anti-inflammatoires dans un contexte de traitement de l'arthrose et l'arthrite?


Des chercheurs suisses s'y sont intéressés, et plus spécifiquement pour des cas d'arthrose au genou et à la hanche.


Plusieurs types d'anti-inflammatoires ont été étudiés et à différentes doses.


Dans leur conclusion, les auteurs affirment que certains anti-inflammatoires sont inefficaces pour diminuer la douleur ou améliorer les capacités fonctionnelles. D'autres sont considérés efficaces, la dose utilisée étant une des clés maîtresses.


Les auteurs de cette étude déconseillent cependant une utilisation à long terme, considérant le risque d'effets délétères des anti-inflammatoires. Leurs recommandations données en conclusion font mention d'une utilisation intermittente à court terme.


Plusieurs autres études ont également démontré ces effets délétères, plus particulièrement le risque de maladies cardiovasculaires.


Des chercheurs de l'Université de Colombie-Britannique ont même récemment suggéré que l'utilisation des anti-inflammatoires contribue substantiellement au fait que les personnes souffrant d'arthrose ont beaucoup plus fréquemment une condition cardiaque.


Une autre étude publiée cette année et rédigée par une équipe de chercheurs internationale a prouvé que les personnes aux prises avec de l'arthrose qui utilisent les anti-inflammatoires seraient plus à risque d'infarctus du myocarde, d'insuffisance cardiaque et de problèmes rénaux aigus. Ces risques seraient par ailleurs augmentés chez les personnes qui sont atteintes par surcroît d'une seconde maladie chronique, comme l'hypertension artérielle et le diabète.

Les auteurs de cette étude déconseillent cependant une utilisation à long terme, considérant le risque d'effets délétères des anti-inflammatoires.
 

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4. Tendinites, tendinoses et autres tendinopathies


Les résultats de leurs travaux démontrent que l'utilisation des anti-inflammatoires ne changerait rien au risque de succès d’une chirurgie, comme la réparation d’un ménisque et la reconstruction du ligament croisé antérieur.


Une équipe de chercheurs américains auteurs s'est récemment penché sur l’efficacité des anti-inflammatoires concernant la guérison d’un tendon après une blessure ou une chirurgie.


Pour procéder à leur méta-analyse, 13 études ont été retenues.


Voici la conclusion des auteurs: « la littérature scientifique actuelle ne fournit pas de preuves suffisantes pour ou contre l'utilisation des AINS après une blessure aiguë ou une réparation chirurgicale du lien entre le tendon et l'os. »



5. Après une chirurgie


Dans un contexte chirurgie, le chercheur David Constantinescu et son équipe sont parvenus à des résultats mitigés en ce qui concerne les effets des anti-inflammatoires.


Ils affirment dans la conclusion de leurs travaux que l'utilisation des anti-inflammatoires ne changerait rien au risque de succès d’une chirurgie, comme la réparation d’un ménisque et la reconstruction du ligament croisé antérieur.

L'utilisation des anti-inflammatoires ne changerait rien au risque de succès d’une chirurgie, comme la réparation d’un ménisque et la reconstruction du ligament croisé antérieur.


Trois risques pour la santé associés aux anti-inflammatoires


Il est maintenant bien étable que l’utilisation des anti-inflammatoires est associée à des risques pour la santé et certains d’entre eux sont importants.


L’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux en décrit trois:


  • Risque accru de problèmes cardiovasculaires, comme l'infarctus du myocarde ;

  • Problèmes gastro-intestinaux ;

  • Problème rénaux.


En conclusion


L'efficacité des anti-inflammatoires n'a pas été clairement prouvée pour un bon nombre de contextes et de problèmes musculosquelettiques.


Cela est pour le moins étonnant, considérant le fait qu'on les utilise si couramment et que leurs effets indésirables ont, quant à eux, été bien démontrés.


Si vous souhaitez prendre des anti-inflammatoires, informez-vous quant à leur efficacité pour le contexte dans lequel ils vous seront recommandés.


Souvenez-vous également que d’autres types de traitements existent pour traiter un problème musculo-squelettique et qu’il est essentiel de vous intéresser à la source du mal, plutôt que de choisir un traitement qui se limite au soulagement des symptômes.


Et soyez vigilant quant aux effets des médicaments sur votre santé cardiaque, rénale et gastro-intestinale.


Bonne réflexion!



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Denis Fortier est un clinicien expérimenté, minutieux et reconnu. Il est aussi auteur et chroniqueur à la radio et à la télé.


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